Boyz and Girlz, 2010.
Les autoportraits sur les sites de rencontres me fascinent. J'en accumule depuis quelques années. Ils ne sont pas tous intéressants et j'exclus les extrêmes de mon observation car, à mon sens, quelque chose de plus profond se trame dans le mainstream. En effet, la plupart de ces images sont semblables : chaque personne, dans toute son individualité, décide de se mettre en avant de la même manière que les autres. Certaines postures semblent alors s'ériger en modèles du genre. Mais quand on se rapproche de ces mises en scène, on s'aperçoit qu'il n'y a pas séduction mais seulement reproduction des codes de la séduction. Ces images sont purs signes, et c'est de là qu'elles tirent leur pouvoir de fascination. Le trouble qu'elles peuvent susciter ne viendrait pas de leur contenu mais de leur apparente gratuité et de leur accessibilité.
Cette série représente le contre-champ de ces clichés. Elle recontextualise cette pratique dans le quotidien des adolescents, et la scène, ainsi élargie au décor de leur chambre, les replace dans une certaine intimité. Les artifices mis en jeu sont déjoués par ce décalage et l'on découvre des êtres fragiles dans des attitudes forcées, complètement absorbés par ce qui semble être devenu un nouveau rite adolescent.